La volonté d'Emmanuel Macron et du gouvernement est claire, augmenter significativement les surfaces d'agriculture biologique en France à la fin de son quinquennat, ainsi que restreindre très nettement les utilisations et la liste des produits phytosanitaires possibles pour toutes les formes d'agriculture conventionnelle. Pour arriver à cet objectif et surtout répondre aux pressions de la société actuelle, des mesures ont été prises de la part du gouvernement.
Le retrait du Glyphosate
Le retrait sans alternative crédible du glyphosate pour 2021 fait suite au retrait des néonicotinoïdes, ce qui a engendré une hausse des utilisations d'insecticides de contact à l'automne pour lutter contre les pucerons et autres ravageurs. Ce sont des mesures certes bénéfiques pour la biodiversité et l'environnement mais sans solutions viables pour les agriculteurs. Pour cela, l'éternelle solution pour contraindre les contribuables (agriculteurs dans notre cas) n'est pas de faciliter la transition vers le modèle souhaité, mais de freiner complètement les autres. Le problème est identique avec les carburants. Au lieu de baisser les taxes sur l'essence, ou augmenter considérablement le nombre de bornes de recharges pour les voitures électriques en zones rurales, c'est le gazole qui subit la hausse.
Augmentation des RPD (Redevance pour Pollution Diffuse) en phytos
Pour les RPD (Redevance pour Pollution Diffuse) l'équation est la même. Au lieu de favoriser le passage en agriculture biologique partout en France, le choix se porte sur la forte augmentation des RPD sur les produits phytosanitaires utilisés en agriculture conventionnelle. La hausse aura lieu au premier janvier 2019 et sera très aléatoire, pouvant aller du simple au double. Cela représentera approximativement 50 millions d'euros. Cette hausse de taxe financera en partie les aides pour l'agriculture biologique financées initialement par l'Europe et l'Etat.
Beaucoup d'agriculteurs réclament ainsi leurs commandes de printemps au mois de décembre, mais cela est difficilement réalisable car les produits sont soit dans les firmes, soit chez les grossistes et très peu chez les distributeurs à l'heure actuelle.
Aucune solution concrète n’est proposée pour le moment aux agriculteurs.
Séparation du conseil et de la vente en agriculture
Autre mesure proposée et votée par le gouvernement pour avoir plus de transparence dans l'épandage de produits phytosanitaires est la séparation du conseil et de la vente sans lien capitalistique entre le conseiller et le vendeur.
Cette mesure entraînera au minimum un audit annuel pour les agriculteurs pour supporter la partie conseil avec sûrement un tarif à l'hectare pour enfin accéder aux produits de soutiens des cultures.
Ce sera une nouvelle taxe déguisée mais qui apportera sans doute un plus aux exploitations. Sans connaître la décision des coopératives, négociants… la tendance s'orienterait probablement vers la vente des produits.
La règle des 3R
La grande nouveauté porte également sur les prix pratiqués. En théorie, tous les distributeurs paieront le même prix pour chaque produit avec la fin des 3R : remise, rabais, ristournes.
Traditionnellement, le prix de vente des grossistes, centrales d'achat et autres systèmes de distribution démarrait très haut, puis de nombreuses remises étaient appliquées en fonction des dates de commandes, dates de paiements, quantités commandées... Parfois jusqu'à 8 à 10 soustractions sont appliquées pour arriver au prix d'achat final. C'est pourquoi, les groupements d'achats d'agriculteurs pouvaient parfois toucher des produits en dessous du prix d'achat simplement pour gonfler la quantité finale et ainsi bénéficier d'un meilleur tarif pour les autres clients. Ce sont ces mécanismes parfois complexes qui donnent des prix pratiqués en cultures pouvant aller du simple au triple sur certains produits.
Avec la fin des 3R, les prix de vente des distributeurs seront donc normalement strictement identiques. A voir si les prix en cultures vont suivre la même tendance. A l'heure actuelle, rien n'est vraiment très clair vis-à-vis de la distribution et des utilisateurs finaux. Ces mesures devraient être appliquées en 2019, 2020 ou 2021
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