Comme vu depuis quelques semaines, le prix de la solution azotée en France n'a fait que de grimper par coup de 10€/t par semaine.
Certes l'ensemble des matières premières a bondi : de 20% pour le pétrole et de 25% pour le gaz naturel. La parité EUR/USD a elle chuté de plus de 5% depuis les plus bas niveaux de l'hiver et du printemps 2018. Heureusement une très grande partie des agriculteurs se sont couverts durant cette période.
Cependant, cela ne suffit pas à expliquer cette hausse de presque 100€/t sur les livraisons pour la fin 2018 et le début d'année 2019. La campagne de réapprovisionnement pour les utilisations au printemps 2019 s'annonce très compliquée. Les premiers prix de la part des fournisseurs viennent de sortir et sont très élevés pour le moment. Il est important de noter qu'aucun prix n'était sorti jusqu'à début octobre, ce qui est parfois reproché aux différents fournisseurs.
A moins d'avoir recours à de la spéculation, les quelques prix qui pouvaient éventuellement être proposés sont sans doute hors marché, car peu d'acteurs s'attendaient à avoir une hausse si prononcée. L'idée de payer les frais de stockage sur les tarifs de morte saison (juin/décembre) avec des livraisons plus tardives est mauvaise car la rupture du contrat sera inévitable.
La seule solution pour ne pas avoir à faire face à ce genre de déconvenue est d'augmenter sa capacité de stockage et ainsi faire face aux quelques volumes manquants.
La cause de cette hausse est pour le moment due à la spéculation sur un événement : l'éventualité d'avoir la mise en place d'un tarif douanier sur l'importation de solution azotée.
En effet contrairement aux agriculteurs, les producteurs européens d'engrais ont su s'unir pour déposer une plainte auprès de la commission européenne. La plainte a été déposée au nom des producteurs représentants plus de 50% de la production totale de l'UE.
Elle a pour motif de dénoncer le dumping sur la solution azotée de la part de trois pays : les Etats Unis, la Russie, Trinidad et Tobago.
Le dumping est par définition une forme de marché ou d'offre qui consiste à déverser des produits (solution azotée dans notre cas) sur un marché extérieur au sien. Cela se traduit par des offres très agressives vis à vis des producteurs nationaux. Cela va parfois jusqu'à la vente au prix de revient ou à perte dans certains cas pour pouvoir pénétrer un marché ou simplement le déstabiliser.
Cela se produit dans certains cas, où les prix intérieurs sont très rémunérateurs pour l'entreprise visée de dumping. Il est légal d'imposer dans ce cas une taxe, ou une barrière douanière pour ne pas mettre à mal son industrie locale.
Ces pays feraient d'après certains producteurs européens du dumping vis à vis des prix pratiqués au départ de leurs usines, par rapport aux prix pratiqués dans les pays de productions.
L'enquête va se mener sur une période du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018. Elle portera sur le delta entre les prix pratiqués aux départs des usines vers l'UE et les prix pratiqués chez les pays producteurs hors UE.
L'enquête portera sur le préjudice subi et à venir pour les producteurs européens. S’il y a eu préjudice, il faut espérer que la taxe mise en place ne sera pas rétroactive, ce qui est très peu probable.
De plus, si l'enquête conclue qu'il y a dumping de la part des pays exportateurs, une taxe sera imposée à l'importation chez ces pays et fera donc grimper le prix de la solution azotée du même ordre que le pourcentage décidé. Cela favorisera très clairement les producteurs d'Europe de l'Est pour reprendre une grosse part de marché.
Cela sera au détriment certes des producteurs étrangers hors UE, mais aussi et surtout aux utilisateurs finaux : les agriculteurs paieront plus cher un produit similaire suite à cette imposition supplémentaire.
Que faire dans ce cas, se reporter vers d'autres produits azotés (Urée, Ammonitrate) ou simplement payer la différence ? Sachant que ces derniers produits seront aussi impactés par cette taxe.
La réponse n'est pas simple et dépendra beaucoup des conditions d'utilisations, des cultures de l'exploitation et de la facilité d'épandage.
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