Ces derniers jours, l’oléagineux phare de l’hexagone, le colza, est dans l’œil du cyclone !
En effet, plusieurs lots de semences de colza OGM distribués en France (mais produits en Argentine) ont été identifiés par les autorités sanitaires. Les premières estimations tablent sur environ 8'000 hectares répartis sur plusieurs régions. Environ 700 agriculteurs auraient été abusés par ces lots de semences OGM. Une opération de grande ampleur est en cours pour identifier précisément les parcelles « infectées » dans le but de les détruire.
La destruction de 8'000 hectares de colza engendrerait mécaniquement une perte de production pour la campagne 2019. Avec un rendement moyen estimé à 3 tonnes par hectare, cela pourrait déprécier la collecte de 24'000 tonnes. Une bagatelle pour une récolte estimée à 4,70Mt en 2019. Aussi, il ne faut pas oublier que l’été 2018 a été néfaste pour les cultures de colza : manque d’humidité, sécheresse et levée tardive auront un impact négatif sur les rendements et, in fine, sur la collecte.
La question est de savoir si ces éléments négatifs pour les cultures auront un impact positif sur les cours du colza ! Au premier abord, on peut s’imaginer que si la demande reste stable pour la prochaine campagne et que l’offre diminue, cela devrait mécaniquement faire monter les cours. C’est la loi très simpliste de l’offre et de la demande.
Néanmoins, il est judicieux, même indispensable, de nuancer nos premières conclusions. En effet, il ne faut pas oublier que le complexe oléagineux est un marché global et mondial ! Si les cours du colza venaient à grimper en flèche, les triturateurs français et européens auraient tout intérêt à importer de la graine de soja ou de canola. Il faut garder à l’idée que les agriculteurs ne sont pas autorisés à produire des cultures OGM en France mais tous les jours, des quantités non négligeables du culture OGM arrivent dans nos ports ! Il n’y a aucune cohérence sur ce sujet. L’hypocrisie de l’Union Européenne concernant les OGM est à son paroxysme !
Qui plus est, l’Union Européenne, après avoir autorisé l’importation de 300'000 tonnes d’huile de palme provenant de Malaisie, serait en passe d’ouvrir les robinets pour importer du soja américain (OGM bien sûr). Si cela devrait donner un coup de boost au marché des biocarburants, les agriculteurs européens craignent de voir arriver une nouvelle concurrence déloyale…
La question majeure à se poser est la suivante : comment peut-on parler de biocarburants lorsque la matière première est produite dans des conditions écologiques déplorables (déforestation massive en Malaise et Indonésie) ? Comment peut-on parler de biocarburants lorsque la matière première est produite par des enfants contraints et forcés dans les plantations de palmiers ? Comment peut-on parler de biocarburants lorsque la matière première est produite à partir de semence OGM ? Comment peut-on parler de biocarburants lorsque la matière première vient de l’autre bout du monde et voyage en cargo (aussi polluant que plusieurs milliers de voitures) ?
En conclusion, la baisse de production de colza en France devrait mécaniquement faire grimper les cours. Cependant, si hausse il y a, celle-ci sera limitée. Les triturateurs pourraient intégrer de la graine d’importation pour faire tourner leurs usines et de ce fait, limiter les coûts d’achat.
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